Cujo, de Stephen King
"La chaleur tuera cet été ! Ça va être terrible", avait prédit Evvie Chalmers, la doyenne de Castle Rock. Elle ne se trompait pas : l'été 1980 fut effectivement le plus chaud que Castle Rock eût jamais connu. Ce fut aussi un été sanglant. En fait, tout commença le matin du 16 juin, lorsque Cujo, un saint-Bernard aussi impressionnant que débonnaire, se fit mordre par une chauve-souris. Mais au fond, cela avait peut-être commencé dès le mois de mai, lorsque Tad Trenton avait cru voir un monstre, dans le placard de sa chambre... Bien sûr, ses parents l'avaient rassuré, il avait fait un cauchemar, les monstres n'existent pas, voyons ! Ils se trompaient : même dans les petites villes paisibles, les monstres guettent, tapis dans l'ombre...
Cujo, de Stephen King multiplie les instants de suspense. On lit en retenant son souffle, on appréhende de tourner la page, de lire ce qui suit. Contrairement aux autres romans de l'auteur, l'aspect fantastique de l'intrigue est ici très réduite. Un énorme saint-Bernard infecté par la rage en plein été caniculaire, il y a de quoi frissonner. Je me souviens même que j'avais réalisé ma propre formule aux monstres lors d'une période d'insomnie, comme Tad Trenton. Bien entendu cela n'avait pas marché, surtout que je lisais King tard dans la nuit. Un roman à suspense pour vos nuits d'été.
Stephen King : on ne présente plus ce maître incontesté du suspense et de l'horreur : Carrie, Shining, Misery, ÇA... autant de romans - et souvent de films mondialement célèbres. Avec La ligne verte, son roman-feuilleton en six épisodes, il a récemment battu tous les records de vente, aussi bien en France qu'à l'étranger.
Extrait :
"Lors de ces secondes décisives, Bannerman ne perçut même pas le grognement sourd de Cujo. Il s'était approché de la Pinto suffisamment près pour distinguer une masse de cheveux tout contre la vitre du conducteur. Il pensa tout d'abord que la femme avait dû être assassinée d'un coup de feu, mais par où serait entrée la balle? La vitre semblait avoir reçu un choc massif, pas un coup de feu.
Puis il la vit remuer. Pas beaucoup – quelques centimètres – mais elle avait bougé. La femme vivait. Le shérif avança d'un pas… et ce fût à ce moment que lui parvint le rugissement de Cujo, suivi par une volée d'aboiements furieux. Il pensa d'abord (Rusty ?) à son setter irlandais, mais Rusty s'était fait écraser quatre ans auparavant, peu après l'affaire Franck Dodd. Et jamais il n'avait produit un son pareil. Pendant un instant, un instant crucial, Bannerman resta pétrifié par l'horreur. Il fit volte-face, tira son arme et eut la brève vision d'un chien – d'un chien incroyablement gros – qui sautait sur lui."